Impact du numérique sur l'environnement et le vivant

Aujourd'hui, l'usage des technologies numériques connaît une croissance exponentielle. Malgré tous les avantages qu'elles apportent à la société, il ne faut pas négliger leurs conséquences sur l'environnement, que ce soit du fait de la fabrication des équipements (exploitation de ressources naturelles, consommation d'énergie, génération de déchets électroniques) ou du fait du leur exploitation (consommation d'énergie, polution électromagnétique), ainsi que leur impact sur la santé psychique des utilisateurs (fatigue oculaire, troubles du sommeil, troubles cognitifs, isolement social).

Ainsi, ElMess-K, dont l'une des ambitions est de promouvoir, par la vulgarisation, toutes les technologies permettant de contribuer au développement d'outils numériques énergétiquement sobres et protecteurs de la santé humaine, vous propose à travers cet article de mieux comprendre les impacts environnementaux et sanitaires de l'utilisation des technologies numériques, tout en proposant des pistes d'actions pour les minimiser sans renoncer à bénéficier des avantages de la révolution numérique.


Impact du numérique sur l'environnement et la biodiversité

  1. Cycle de vie des composants électriques et électroniques depuis l'extraction minière jusqu'au traitement des déchets
  2. Selon certaines études, la fabrication d'un équipement numérique peut nécessité jusqu'à 400 fois son poids en matières premières, jusqu'à 800 fois son poids en eau, et peut émettre jusqu'à 60 fois son poids en CO2. Ensuite, les déchets de ces équipements électriques et électroniques, que l'on appelle DEEE, sont particulièrement problématiques pour l'environnement et la santé car ils contiennent de nombreux composants métalliques (aluminium, cuivre, plomb, zinc, platine, argent) dont les process de traitement peuvent générer des composés toxiques, des polluants persistants (arsenic, mercure, lithium...), ainsi que d'autres composants difficiles à recycler (verre, plastique, céramique...).

    Au-delà de ces impacts environnementaux, il convient de prendre en considération la détérioration des espaces naturels représentée par les extractions minières, ainsi que l'impact social qu'elles engendrent dans les pays en voie de développement avec les industries de fabrication et de traitement des déchets des composants électroniques, du fait des conditions de travail qui sont parfois précaire.

    Selon un document de l'ADEME datant de 2022, 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre sont imputables aux technologies numériques, réparties de la manière suivante :

    • 37% dues à la fabrication des appareils numériques
    • 38% dues à l'utilisation des appareils numériques
    • 25% dues aux infrastructures réseaux et aux datas centers

    Pistes d'actions :

    • Concevoir des applications capables de tourner sur de vieilles machines. Tout d'abord, cela permet de prolonger la durée de vie des appareils électroniques, contribuant ainsi à réduire la production de déchets électroniques. Egalement, cela contribue à réduire l'exclusion numérique des personnes les plus démunies en leur permettant de prolonger la durée de vie de leur matériel déjà ancien ou en leur permettant de pouvoir s'équiper en matériel d'occasion tout en bénéficiant d'un accès satisfaisant aux applications numériques. Pour finir, cela encourage le développement de logiciels et d'applications de meilleure qualité en impliquant la recherche de solutions techniques pour optimiser les performances et réduire les besoins en espace mémoire.

    Références documentaires:

  3. Consommation énergétique et polution électromagnétique lié à l'utilisation des réseaux de données
  4. La consommation énergétique d'un réseau de télécommunication dépend de la distance physique parcourues par les données, du type de support de transmission, de la fréquence et de la forme du signal de communication, du protocole de transmission ainsi que de l'utilisation qui en est faite. À l’échelle mondiale, il est estimé qu'internet représente environ 10 % de la consommation d’énergie; en France, la consommation annuelle du secteur numérique est estimée à 12 % de la consommation électrique totale et 3 % de la consommation d’énergie finale. Pour réduire la consommation énergétique liée au numérique, des efforts sont nécessaires, les équipements doivent être plus efficaces énergétiquement, les opérateurs doivent prendre en compte leur consommation énergétique et collaborer avec les constructeurs d’équipements pour améliorer leur efficacité, des mutualisations de réseaux doivent être encourager pour réduire la consommation électrique globale.

    Les champs électromagnétiques générés par les réseaux de télécommunication, bien que majoritairement imperceptibles, doivent également être considérés avec attention eu égard de leur impact supposé sur le vivant. De nombreuses études scientifiques laissent penser que ces champs interagissent avec les cellules des organismes, qui elles-mêmes génèrent des champs électriques et magnétiques de très faibles amplitudes, perturbant ainsi leur équilibre physico-chimique tout en provoquant un échauffement. La nocivité supposée des ondes électromagnétiques varie avec la fréquence, la puissance du signal et la durée de l'exposition. Les directives en matière de prévention et protection contre l'exposition aux champs électromagnétiques diffèrent selon les pays et sont en constante évolution suivant les avancées de la recherche scientifique dans ce domaine.

    Chez l'humain on recense des cas d'électrosensibilité qui se manifestent par des pathologies diverses et variées telles que vertiges, nausées, palpitations, maux de tête, fatigue intense et inexpliquée, troubles visuels et auditifs, problèmes de peau (rougeurs, sensations de brûlure, irritation), problèmes de mémoire à court terme, insomnies, sensibilités chimiques et alimentaires... L'électrosensibilité reste un sujet contreversé dans le monde scientifique, des études supplémentaires sont encore nécessaires pour comprendre ses mécanismes et son lien avec les champs électromagnétiques.

    Pistes d'actions :

    • Réduire le poids des données numériques échangées et optimiser la performance réseau. Cela contribue à la réduction de la pollution électromagnétique et de la consommation d'énergie, car de nombreux systèmes de télécommunication ajustent leur puissance d'émission en fonction de la quantité de données numériques à transférer. Cela permet également de réduire les risques de congestion du réseau (moins de risques d'engorgements et de ralentissements), ce qui se traduit par une expérience utilisateur plus fluide et une meilleure qualité de service.

    Références documentaires :


Trouble psychique ou neurologique chez l'humain

  1. Surcharge cognitive et perte de la concentration
  2. La surchage cognitive est certainement la cause principale des troubles psychiques ou neurologiques rencontrés chez l'humain du fait d'un usage excessif du numérique. Il s'agit d'un état mental représentatif d’un cerveau surchargé d’informations, qui ne peut plus fonctionner correctement, structurer la pensée, et procéder à l’organisation et à la classification des idées.

    Les outils du numériques sont un terrain particulièrement propice à la surcharge cognitive du fait de l'abondance d'informations pas toujours bien structurée, exacte ou pertinente. L'internaute en plus de se concentrer sur l'objectif de sa recherche doit s'assurer de vérifier l'exactitude des informations lues, par une recherche contradictoire sur différents sites d'informations tout en veillant à ne pas s'égarer sur des sites dont le thème s'éloigne du sujet initialement recherché.

    A cela peut se rajouter une surcharge sensorielle provoquée par des notifications sonores ou visuelles, à vocation publicitaire ou informative, des transitions brusques et mal maîtrisées dans les contenus animés. De même, les terminaux numériques portatifs, notebooks, smartphones, tablettes, sont d'autant plus à risque qu'à ces difficultés rencontrées lors de la navigation sur internet peuvent se rajouter des problèmes de qualité de connexion et des facteurs environnementaux notamment quand ils sont utilisés dans des lieux publics en présence de nuisances sonores et de nombreux facteurs de distractions.

    Tout cela amène le cerveau à adopter un mode d'écrémage, un style de lecture qui consiste à survoler le contenu d'une page web et ne pas prêter attention aux éléments détaillés, rendant l'internaute de moins en moins capable de comprendre la profondeur des pages consultées, le conduisant à perdre son sens de l'analyse critique et se laissant plus facilement attiré par les publications web les plus percutantes, voire erronées ou fallacieuses.

    Pour plus d'information sur le sujet:

  3. Troubles du sommeil
  4. La lumière bleue émise par les écrans perturbe l'horloge biologique en stimulant les récepteurs de la rétine. Le cerveau humain interprète alors cette forte intensité lumineuse comme la lumière du jour, ce qui inhibe la sécrétion de mélatonique et retarde l'endormissement en cas de consultation d'écrans en heures tardives.

    Egalement, l'utilisation d'internet, de réseaux sociaux ou la consulation de mail ou de SMS en heures tardives génèrent une excitation cognitive tout à fait préjudiciable au sommeil en maintenant le cerveau en veille durant un laps de temps plus ou moins important de peur de passer à côté de notifications urgentes, c'est ce que l'on appelle l'"effet sentinelle".

    Pour plus d'information sur le sujet:

  5. Difficulté à mémoriser
  6. La mémorisation d'informations est un processus qui se découpe en trois grandes phases: l'encodage, le stockage et la récupération de l'information. Les phases d'encodage et de stockage nécessite de la concentration, la phase de récupération nécessite du sommeil, états pouvant être perturbés par un usage excessif ou inapproprié du numérique.

    De manière plus détaillée,

    L'"Encodage", moment d'enregistrement de l’information dans la mémoire "sémantique", nécessite une grande concentration. Durant cette phase l'internaute doit pouvoir traiter en profondeur le sujet étudié et ne pas être déstabilisé par des notifications sonores ou visuelles inopinées ou se perdre dans une abondance d'information en clicquant d'hyperliens en hyperliens sans rentrer dans le détail du sujet.

    Le "Stockage", moment de consolidation de l'information dans la mémoire, nécessite du sommeil. Ici le sommeil joue un rôle essentiel car il permet de réactiver les circuits neuronaux sollicités durant la journée. Cependant une surexposition excessive à la lumière bleu des écrans peut avoir un effet négatif sur la qualité de notre sommeil en inhibant la sécrétion de mélatonine, l'hormone du sommeil.

    Le "Rappel", moment de récupération de l'information et de sa réutilisation, nécessite sa pratique des moments de quiétudes, de déconnexion par rapport à l'usage de l'outils numériques mais aussi par rapport aux évènements de la journée. Le problème est qu'avec la grande facilité qu'offre le numérique pour accéder à l'information, la tentation est grande de préférer consulter directement un moteur de recherche plutôt que de faire appel à sa mémoire, au risque de déclencher un cercle vicieux consistant, en passant d'un hyperlien à l'autre, à consulter sommairement de nouvelles informations sans vraiment consolider celle qui était initialement recherché.

    Pour plus d'information sur le sujet:

  7. Fatigue oculaire
  8. La fatigue oculaire numérique est une conséquence de l'effort que doit réaliser la musculature de l'oeil pour assurer la focalisation de l'oeil nécessaire à la lecture de l'écran. Elle dépend de nombreux facteurs, dont notamment le contraste des couleurs affichés à l'écran. En effet, dans l'oeil, le point focal des diverses couleurs est situé à des distances différentes derrière le cristallin. Afin de voir correctement plusieurs couleurs en même temps, l'oeil doit focaliser rapidement et en alternance sur des distances variables et lorsque les couleurs sont éloignées l'une de l'autre dans le spectre visible le processus devient plus difficile. Ainsi un affichage contrasté entre le rouge et le bleu, qui sont des couleurs situées aux extrémités opposées du spectre, sera beaucoup plus fatigant qu'un affichage contrasté entre le vert et le jaune.

    Pour plus d'information sur le sujet:

  9. Réactions photosensibles
  10. La photosensibilité désigne la réaction naturelle des cellules à la lumières. Chez l'humain, des cas d'hyperphotosensibilité sont à l'origine de troubles ou pathologies invalidants lors de l'usage d'appareils numériques, comme par exemple la photophobie ou l'épilepsie photosensible.

    La photophobie est une sensibilité accrue, voire une intolérance à la lumière, elle se manifeste par des douleurs aigües oculaires ou cérébrales lorsque la personne regarde une source lumineuse.

    L'épilepsie photosensible est une réaction épileptique aux lumières clignotantes ou scintillantes, habituellement de forte intensité, ayant un profil pulsatique régulier.

    Pour plus d'information sur le sujet:


Risques psychosociaux liés à l'usage du numérique

  1. Anxiété, Stress et Dépression
  2. L'omniprésence du numérique dans nos vies peut induire un stress constant et une anxiété accrue. La pression pour rester constamment connecté, l'effet de comparaison sociale amplifié par les réseaux sociaux, ainsi que la crainte de manquer des informations importantes peuvent contribuer à cette anxiété. De plus, l'utilisation excessive des appareils numériques, telle que la surconsommation de médias sociaux ou de jeux en ligne, peut conduire à un isolement progressif, à une perte de sens du temps et à des troubles du sommeil, favorisant ainsi le développement de la dépression.

  3. Rupture du Lien Social
  4. Bien que les technologies numériques aient le potentiel de connecter les individus à travers le monde, elles peuvent également être à l'origine d'une rupture du lien social dans le monde réel. La dépendance excessive aux interactions en ligne peut entraîner une diminution du contact face à face, affaiblissant ainsi les relations interpersonnelles et la qualité des interactions sociales. Cette rupture du lien social peut contribuer à des sentiments de solitude, d'isolement et à une détérioration du bien-être émotionnel.

  5. Cyberharcèlement
  6. Le cyberharcèlement, une forme de violence en ligne, est devenu un problème préoccupant dans la société numérique d'aujourd'hui. Les plateformes numériques offrent souvent un anonymat relatif, ce qui peut encourager les comportements abusifs et les attaques personnelles. Les victimes de cyberharcèlement peuvent subir des conséquences graves sur le plan psychologique, telles que la détresse émotionnelle, l'anxiété, la dépression, voire des pensées suicidaires. De plus, le cyberharcèlement peut avoir un impact négatif sur la performance scolaire, la carrière professionnelle et la santé mentale à long terme.

  7. Conclusion et pistes d'actions
  8. Les troubles psychosociaux liés à l'usage du numérique représentent un défi majeur pour la santé mentale et le bien-être des individus dans la société contemporaine. Il est essentiel de sensibiliser aux risques associés à une utilisation excessive des technologies numériques et de promouvoir des pratiques saines en ligne. Des interventions telles que la promotion de l'équilibre numérique, l'éducation sur la santé mentale et la création d'environnements en ligne sécurisés sont nécessaires pour atténuer ces défis et favoriser un usage sain et responsable du numérique. En fin de compte, une approche holistique, combinant sensibilisation, prévention et soutien, est essentielle pour relever les défis psychosociaux de l'ère numérique et favoriser le bien-être mental de tous.


Conclusion : Faut-il refuser l'usage du numérique?

La question de l'usage du numérique, notamment d'internet, suscite des débats intenses.

D'un côté, comme nous venons de le voir dans cet article, il soulève des préoccupations majeures. En effet, internet, en permettant de multiples échanges de données entre terminaux et serveurs distants de plusieurs kilomètres, tout en passant par de nombreuses passerelles et routeurs, consomme une quantité importante d'énergie et de ressources naturelles, que ce soit lors de son exploitation ou lors de la fabrication et de l'installation des équipements nécessaires à son bon fonctionnement; à cela s'ajoute la pollution électromagnétique induite.

D'un autre côté, il offre des avantages indéniables en termes de communication, d'accès à l'information et de productivité. Comme le confirme une résolution du Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU, internet contribue à l'épanouissement des populations mondiales en brisant leur isolement, en facilitant l'échange de connaissances et en favorisant la liberté d'expression.

Ainsi, refuser l'usage des technologies numériques serait contreproductif pour le développement humain, étant donné les avantages qu'elles apportent. Il reste néanmoins crucial de reconnaître leurs impacts non négligeables sur l'environnement et la société, ce qui souligne l'importance de mettre en place des initiatives visant à promouvoir une utilisation plus responsable de celles-ci.

À titre d'exemple d'initiatives, mentionnons la création en 1994 du World Wide Web Consortium (W3C), dont l'objectif est de promouvoir un web universel, accessible partout et pour tous, respectueux des valeurs humaines, en standardisant les technologies qui le rendent possible et en développant des protocoles et des directives assurant une croissance à long terme du web (Cf.: Objectif du W3C en 7 points). On peut également citer les initiatives de labels écologiques d'éco-conception web, dont cinq d'entre eux sont présentés sur le site "Le Bon Digital".

C'est dans ce contexte que ElMess-K propose dans son blog une page dédiée à l'éco-conception d'applications numériques.

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