La Blockchain au service de l'Economie Sociale et Solidaire

La technologie blockchain est une forme de registre numérique décentralisé qui enregistre des transactions de manière sécurisée et transparente à travers un réseau d'ordinateurs interconnectés. Contrairement aux bases de données traditionnelles centralisées, où les données sont stockées et contrôlées par une seule entité, la blockchain distribue les données sur de nombreux nœuds, garantissant ainsi une plus grande résilience et une plus grande immuabilité. Chaque bloc de données est cryptographiquement lié au précédent, formant une chaîne, d'où le nom "blockchain".

Les contrats intelligents, ou smart contracts, sont des programmes informatiques auto-exécutables qui fonctionnent sur la blockchain. Ces contrats sont conçus pour exécuter automatiquement et immanquablement des termes d'accord prédéfinis lorsque certaines conditions sont remplies. Ils permettent l'automatisation des processus et l'élimination de l'intermédiaire, réduisant ainsi les coûts et les risques associés aux transactions.

Cette technologie est une réelle opportunité pour les acteurs de l'Économie Sociale et Solidaire, car elle apporte une nouvelle méthodologie dans la gestion des échanges de biens, de services ou de connaissances. Egalement, en favorisant la collaboration, la décentralisation et la transparence, elle redéfinit la gouvernance au sein de ces initiatives.


Principe d'une blockchain à forte valeur sociétale

  1. Délimiter la blockchain à un territoire ou une communauté socio-économique cohérente
  2. Pour répondre pleinement aux objectifs de l'Economie Sociale et Solidaire, la blockchain doit avant tout se limiter à un territoire ou une communauté socio-économique cohérente. Pour cela elle doit respecter les exigences suivantes:

    • Ne pas s'enfermer dans une logique autarcique, mais plutôt se concentrer sur des initiatives locales tout en demeurant ouverte à la collaboration et aux échanges avec d'autres communautés ou territoires;
    • Ne pas se substituer aux systèmes économiques nationaux ou internationaux, mais plutôt les compléter et les renforcer en offrant des solutions alternatives pour les besoins spécifiques des communautés;
    • Favoriser l'épanouissement équitable des membres et la redistribution juste des richesses en encourageant les échanges de connaissances et de savoir-faire, et en instituant la collaboration comme mode de fonctionnement (privélégier par exemple la circulation de technologies "open-source");
    • Maintenir un climat de confiance durable entre les membres en favorisant le développement de liens sociaux et humains, tout en défendant une gouvernance décentralisée, transparente et respectueuse des minorités.

  3. Favoriser les échanges et la création d'actifs au sein de la blockchain
  4. La blockchain doit être structurée de manière à favoriser la création et les échanges d'actifs au sein de la communauté constituée par ses adhérents. L'effet multiplicateur, qui mesure la capacité d'un collectif à générer des richesses à partir d'un investissement initial, est essentiel dans ce contexte. Un effet multiplicateur élevé se traduit par des fuites externes (fuite des richesses par consommation à l'extérieur du collectif) et des fuites internes (immobilisation des richesses au sein du collectif) réduites, ainsi qu'une circulation rapide des actifs au sein du collectif.

    Pour cela la blockchain doit permettre:

    • L'injection d'actifs extérieurs tout en s'assurant que ceux-ci ne compromettent pas l'intégrité du système ni le détournent de ses objectifs initiaux (par exemple, une injection excessive d'actifs externes peut encourager la surconsommation, ce qui va à l'encontre d'un objectif de sobriété);
    • La création de nouveaux actifs internes en stimulant la création de richesses collectives à travers par exemple de mécanismes tels que des crédits mutuels ou des échanges de savoir-faire et de connaissances;
    • La dissuasion de la rétention d'actifs internes grâce par exemple à des mécanismes de dépréciation des actifs immobilisés (mécanismes d'actifs fondants) ou de valorisation des actifs en circulation;
    • Le contrôle des fuites externes en permettant aux administrateurs de définir et d'ajuster les règles de conversion des actifs internes en actifs externes, voire d'interdire ces conversions.

  5. Donner à la blockchain une utilité sociétale en tant que monnaie complémentaire
  6. La blockchain en tant que monnaie complémentaire peut contribuer à la lutte contre la pauvreté en permettant aux personnes disposant de peu de ressources d'accéder à des biens et services via des systèmes d'échanges locaux utilisant des unités de valeur alternatives. Elles peut également contribuer à dynamiser l'économie locale en encourageant les achats auprès de fournisseurs locaux, favorisant ainsi les circuits courts et renforçant les entreprises locales, ce qui stimule la création d'emplois. De même elle peut soutenir les politiques locales de développement en facilitant les achats de biens ou services répondant à des critères sociétaux spécifiques.

    Pour répondre à ces objectifs et en fonction des règlementations locales, la blockchain peut être structurée suivant les différents modes de fonctionnement ci-après:

    • Banque de temps, principe de base des réseaux d'entraide et d'échange de services ayant le temps comme unité de valeur, non indexable sur la monnaie nationale et non convertible en celle-ci;
    • Monnaie locale à usage général, servant à l'achat ou la vente de divers biens et services sur un territoire donné, indexable sur la monnaie nationale et convertible en celle-ci;
    • Monnaie thématique, servant uniquement pour l'achat ou la vente de produits ou services répondant à des critères sociétaux précis (valeurs sociales, environnementales, culturelles, etc...), indexable sur la monnaie nationale mais convertible sous conditions en celle-ci.
    • Monnaie mixte, englobant tous les modes de fonctionnement précédent grâce à des sytèmes de répartition et de convertion internes administrés par des contrats intelligents (Smart Contracts).

  7. Références:

La Blockchain : Catalyseur des Réseaux d'Échanges et d'Entraide

  1. Réseaux d'Échanges entre Particuliers
  2. Les réseaux d'échanges entre particuliers permettent aux individus d'échanger des services, des biens ou des connaissances sans recourir aux monnaies traditionnelles. Ces réseaux revêtent diverses formes pour mieux s'adapter aux communautés qu'ils concernent:

    • Les banques de temps ou les accorderies

      Ce sont des réseaux d'échanges de services basés sur la valeur temps. Chaque heure de service est valorisée de manière égale, indépendamment de la nature de la tâche accomplie. En échange d'une heure de service, un membre reçoit une unité qu'il peut échanger contre une heure de service d'un autre volontaire.

      Les accorderies se distinguent des banques de temps par leur structure et leur organisation. Alors que les banques de temps sont souvent informelles et décentralisées, les accorderies sont généralement plus structurées en étant administrées par un groupe de bénévoles appelés les "Accordeurs". Ces derniers ont pour missions de faciliter les échanges au sein de la communauté, de coordonner les demandes et les offres de services, d'évaluer la qualité des échanges, et veiller à la cohésion sociale des membres.

    • Les Systèmes d'Echanges Locaux (SEL)

      Les SEL visent à dynamiser l'économie locale en encourageant les échanges de biens et services au sein d'une communauté définie. Fondamentalement axés sur la coopération et la solidarité, ces réseaux permettent aux participants d'échanger des biens et des services sans recourir à la monnaie traditionnelle. Les échanges peuvent être basés sur le temps, où chaque heure de service est valorisée de manière équitable, ou sur d'autres formes de crédits, favorisant ainsi l'autonomie économique et la résilience au niveau local.

    • Réseaux d'Échanges Réciproques de Savoirs (RERS)

      Les RERS sont des réseaux où les membres échangent leurs connaissances, compétences et expériences de manière réciproque. Contrairement à d'autres réseaux, les échanges ne sont pas déterminés par des unités de temps, mais reposent sur le principe de la mutualisation des savoirs. Chaque membre contribue avec son expertise dans un domaine spécifique et peut bénéficier de l'enseignement d'autres membres dans des domaines où il cherche à acquérir de nouvelles compétences.

    Organisés de manière informelle ou au sein de structures spécifiques, ces réseaux encouragent la création de liens sociaux forts, contribuent à la lutte contre l'exclusion sociale en rendant les services accessibles à tous, quel que soit leur statut financier et favorisent l'épanouissement de leurs membres en leur permettant de bénéficier d'une multitude de compétences et d'expériences.

    Actuellement les échanges sont enregistrées manuellement dans des carnets ou grâce à des outils partagés en ligne. L'équipe d'animation du réseau intervient pour mettre en relation les parties intéressées, les aider à clarifier leurs attentes respectives, puis décider ensemble des modalités et des contenus de leurs échanges.

    La technologie blockchain pourrait leur apporter des avantages significatifs en permettant notamment d'enregistrer de manière transparente, immuable et sécurisée les échanges effectués, offrant ainsi une meilleure traçabilité des compétences, des savoir-faire et des liens sociaux créés, ce qui renforçent également la confiance des membres. De plus, les contrats intelligents (smart contracts) pourraient automatiser et sécuriser les échanges, ce qui permettrait un fonctionnement plus fluide et efficace du réseau d'échange.

    Références :

  3. Réseaux d'Échanges et d'Entraide Inter-Entreprises
  4. Les réseaux d'échanges et d'entraide inter-entreprises favorisent la collaboration et la solidarité au sein des communautés professionnelles, offrant des solutions alternatives aux échanges traditionnels basés sur la monnaie. Selon le statut ou l'activité économique des sociétés qu'ils concernent, ils revêtent diverses formes:

    • Les échanges inter-entreprises (Barter)

      Les Barter permettent aux entreprises de troquer des biens ou services sans recourir à la monnaie traditionnelle. En facilitant la mise en réseau des entreprises d'un même territoire ou d'une même communauté d'intérêts, ces échanges offrent une liquidité supplémentaire facilitant le financement des achats courants ou des investissements ou aidant également les entreprises à surmonter des difficultés temporaires de trésorerie.

      Contrairement aux organisations à but non lucratif et à vocation sociale, telles que les accorderies, les Systèmes d'Échanges Locaux (SEL) ou les Réseaux d'Échanges Réciproques de Savoirs (RERS), les barters servent les intérêts économiques de leurs membres et peuvent être soumis à des obligations comptables et fiscales.

    • L'entraide agricole

      Basée sur l'échange mutuel de services entre agriculteurs, l'entraide joue un rôle essentiel dans le secteur agricole. Cette coopération peut prendre diverses formes, telles que la participation directe aux travaux agricoles ou le prêt de matériel. L'essence de cet entraide réside dans la gratuité et l'équité des échanges entre les membres. Elle peut être occasionnelle, temporaire ou intervenir d'une manière régulière. Le suivi des échanges se fait oralement ou par le biais d'une grille d'entraide. Moins formelle et moins structurée que les Banques de Travail, elle ne se limite qu'à un réseau de voisinage.

    • Les Banques de Travail Temps et Matériels

      Les "Banques de travail temps et matériels" visent à faciliter l'entraide et la collaboration entre les membres d'une communauté d'agriculteurs. Basées sur le partage des ressources, elles permettent aux agriculteurs de mettre à disposition leur temps, leurs compétences et leurs équipements, tout en bénéficiant des services offerts par d'autres membres. Cette démarche renforce l'efficacité et la durabilité des exploitations en offrant un accès à des équipements coûteux ou spécialisés, ainsi qu'à une main-d'œuvre supplémentaire, sans nécessiter d'investissements à plein temps.

      La coordination de ces réseaux peut prendre différentes formes, allant des plateformes en ligne où les agriculteurs peuvent réserver des équipements ou des services, aux associations locales qui organisent des événements de partage de ressources. Ces initiatives renforcent les liens communautaires tout en réduisant les coûts opérationnels et l'empreinte environnementale de l'agriculture, grâce à une utilisation plus efficace des ressources disponibles.

    L'intégration de la technologie blockchain dans ces réseaux d'échanges inter-entreprises ouvre de vastes horizons. Tout d'abord, la blockchain permet de créer un registre décentralisé et immuable des transactions entre les parties prenantes. Chaque transaction est enregistrée de manière sécurisée et ne peut pas être modifiée, ce qui garantit la transparence et la traçabilité des échanges de services, de temps et de matériel et renforce la confiance au sein de la communauté.

    De plus, les smart contracts peuvent également faciliter la gestion des contrats et des accords entre les membres de la communauté. Ils permettent de créer des contrats auto-exécutables, où les termes et conditions sont directement programmés dans le code et appliqués automatiquement dès que les conditions sont remplies. Cela évite les litiges ou les malentendus et grantie l'équité, en assurant l'exécution transparente et impartiale des accords.

    Références:


Les Smarts Contracts comme outils de régulation et de dynamisation de la vie socio-économique locale

  1. Pour permettre une collaboration transparente entre collectivités et associations
  2. L'attribution de subventions aux associations est un élément important de la politique sociale, culturelle, sportive et économique d'une collectivité territoriale. Cependant, la répartition de ces fonds peut parfois manquer de transparence et de justification, engendrant des sentiments d'injustice ou des questionnement sur l'intégrités des élus. C'est précisément là que la technologie blockchain peut intervenir pour apporter des solutions concrètes.

    Les élus pourraient conclure des smart contracts avec les associations, établissant clairement les critères d'attribution des subventions. Ces critères, tels que la contribution au patrimoine culturel local, à la démocratie participative ou à la vie sociale de la collectivité, pourraient être mesurés objectivement grâce à des données vérifiables. Par exemple, le nombre de participants à des événements culturels ou le taux de participation aux initiatives de démocratie participative. Ces critères serviraient alors de référentiel pour l'attribution des subventions, permettant une répartition équitable des fonds automatisée et basée sur les actions concrètes des associations.

    La blockchain offre ainsi aux élus locaux un outil puissant pour moderniser et simplifier le processus administratif d'attribution de subventions aux associations. En adoptant des smart contracts et en exploitant la transparence et l'automatisation de la blockchain, les élus peuvent promouvoir une politique associative plus équitable, transparente et efficace, favorisant ainsi le développement harmonieux des communautés locales.

    Références:

  3. Pour permettre une meilleure reconnaissance de l'engagement bénévole
  4. Les dispositifs de valorisation du volontariat tel que le Compte d'Engagement Citoyen ou le Passeport Bénévole visent à reconnaître et valoriser les actions bénévoles et citoyennes des individus, encourageant ainsi l'engagement civique et renforçant le tissu social.

    Leur objectif principal est de valoriser l'expérience acquise par les bénévoles tout au long de leur engagement. Ces outils permettent de décrire précisément chaque mission effectuée bénévolement au sein d'organisations à but non lucratif, mettant en lumière les compétences alors acquises. Ils deviennent des atouts précieux lors de la recherche d'emploi, de souhait d'évolution professionnelle, ou encore pour l'obtention de diplômes ou de certifications, témoignant non seulement de l'engagement du bénévole, mais aussi des compétences concrètement développées dans le cadre de ses activités.

    L'intégration de la technologie blockchain offre une nouvelle dimension à ces outils. En enregistrant les activités bénévoles sur une blockchain, leur traçabilité et leur authenticité sont garanties. Chaque contribution devient immuable et transparente, prévenant ainsi les fraudes et assurant la fiabilité des données enregistrées. De plus, la portabilité des informations sur la blockchain permet aux bénévoles de partager facilement leurs réalisations avec d'autres organisations.

    La blockchain pourrait également permettre l'attribution de tokens aux bénévoles en fonction de leurs engagements. Ces tokens pourraient ensuite permettre aux bénévoles ayant consacré leur temps et leur énergie à des événements culturels, sportifs ou caritatifs de pouvoir participer en exclusivité à des manifestations de plus grande envergure ou de bénéficier d'un accès privilégié à certaines formations. Des Smart Contracts assureront une évaluation transparente et objective de l'engagement de chaque individu, ce qui permettra le calcul du nombre de Tokens qui leur seront attribués.

    De plus, la blockchain offre une traçabilité accrue des contributions, garantit une répartition équitable des récompenses, par sa transparence assure la conformité avec les législations locales relatives aux activités bénévoles, renforce la légitimité et la durabilité du système, ainsi que la confiance au sein des communautés.

    Références:

  5. Pour redéfinir l'Aide humanitaire
  6. Traditionnellement, l'aide humanitaire fonctionne sur un système de dons et d'assistance directe aux personnes nécessiteuses, ce qui, bien que nécessaire, présente des limites. Récemment, l'émergence de la technologie blockchain offre une nouvelle perspective sur la solidarité. Plutôt que de se limiter à une aide individuelle, cette technologie permet de créer au sein des territoires et des communautés sinistrés ou défavorisés un écosystème socio-économique transparent et décentralisé où les individus peuvent non seulement recevoir de l'aide, mais aussi contribuer activement à l'action de solidarité envers leurs pairs.

    La technologie blockchain garantit non seulement la transparence et l'immuabilité des transactions, mais elle assure également une distribution équitable et une utilisation efficace des dons et autres ressources. De plus, elle permet d'éviter les frais de transaction associés aux transferts d'argent internationaux. Grâce aux smart contracts, qui facilitent les échanges de biens ou de services au sein de la communauté, ainsi que le déploiement de systèmes de crédits mutuels, la blockchain multiplie l'impact des dons et permet à une plus grande population de bénéficier d'une aide.

    Un autre avantage de la technologie blockchain est d'améliorer la coordination des actions humanitaires, qu'elles soient menées sur le terrain ou à distance. Par exemple, les registres distribués peuvent faciliter la collaboration entre les différentes organisations humanitaires et les agences gouvernementales, en partageant des données en temps réel sur une plateforme sécurisée. Cela permet aux acteurs de l'aide de mieux coordonner leurs efforts, d'éviter les doublons et de répondre de manière plus efficace aux besoins des populations affectées.

    Références:

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